- Springfellow-Hawk
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les robots « trader » dont on parle
24/3/2010, 2:56 pm
Plus efficaces et rapides que l’être humain, les ordinateurs prennent une part grandissante dans les échanges boursiers. Non sans danger.
Les courtiers sont assistés depuis des années par des logiciels qui passent les ordres à leur place en fonction de stratégies prédéfinies. Mais aujourd’hui, on va plus loin: des logiciels fonctionnent de manière autonome et passent des ordres sans supervision humaine.
Au New York Stock Exchange (NYSE), un ordre sur trois en moyenne est aujourd’hui passé par un logiciel autonome, que certains dans le milieu financier appellent des « robots ». Il y a même des semaines où la proportion atteint 50 %. C’était le cas pendant celle du 22 juin.
Ces logiciels sont capables d’obtenir des marges infimes sur des écarts que l’être humain ne détecte pas, et de passer un millier d’ordres en un clin d’oeil. « L’ordinateur détient un avantage indéniable sur l’homme. Il ne se fatigue pas et n’agit pas en fonction d’une émotion ou d’une rumeur. Et il réalise des calculs complexes sans jamais se tromper », dit Alain Elkaim, attaché d’enseignement de HEC Montréal et ex-courtier de Valeurs mobilières Desjardins.
Autre atout des ordinateurs : ils ne dérapent pas, comme peuvent le faire certains courtiers. Il suffit de penser aux pertes de 7 milliards de dollars enregistrées en 2007 par la banque française Société Générale, à la suite des positions aventureuses prises par l’un de ses courtiers, Jérôme Kerviel, à hauteur de quelque 70 milliards de dollars. Ou encore au récent témoignage de Seth Freedman, ce courtier britannique de la City de Londres qui a dévoilé dans son livre Binge Trading comment il s’éclatait en prenant des positions folles, « le nez plein de cocaïne ».
Goldman Sachs en tête
Les grandes banques américaines sont les premières – et de loin – à miser sur ces logiciels. Ils leur ont même permis de sortir la tête de l’eau depuis le début de 2009.
Goldman Sachs est celle qui, semaine après semaine, y a le plus recours. Elle a engrangé de cette manière un bénéfice net de 2 milliards de dollars américains durant le premier trimestre. Suivent Citigroup, avec 1,9 milliard, JPMorgan, 1,8 milliard, et Morgan Stanley, 900 millions. Des banques autres qu’américaines s’y sont également mises il y a peu à New York, à l’image de Barclays, Deutsche Bank, Credit Suisse, Société Générale et la Banque Royale du Canada.
Les autres principaux acteurs qui reviennent le plus souvent sont Schonfeld, Interactive Brokers, Electronic Brokerage Systems, Instinet et Intrade. Tous réunis, leurs robots sont à l’origine d’environ 10 % des quelque 750 millions d’ordres envoyés par des ordinateurs quotidiennement à la Bourse de New York.
Spéculation à la milliseconde près
À l’origine, l’intérêt du courtage par ordinateur consistait essentiellement à regrouper rapidement des ordres pour réduire les frais de gestion. À cela, s’ajoutait le fait que la transaction portant sur des lots de titres diversifiés permettait d’éliminer une partie du risque lié à un titre isolé.
Puis, l’évolution fulgurante des logiciels, surtout depuis 2007, a permis de mettre au point de nouvelles stratégies basées sur la rapidité d’exécution.
Un exemple : les transactions éclair (flash trading). Moyennant un abonnement auprès d’opérateurs boursiers, des courtiers ont accès à tous les ordres d’achat et de vente d’actions quelques millisecondes avant les autres investisseurs.
Ces informations sont traitées à la vitesse de la lumière par les ordinateurs ultrapuissants de ces courtiers privilégiés, qui passent aussitôt des ordres anticipant les mouvements d’un titre. Du coup, chaque transaction, ou presque, permet de dégager des bénéfices. Les minuscules bénéfices ainsi engrangés aboutissent, en fin de compte, à des gains importants.
Un avantage démesuré sur les autres
Le hic de cette technologie ? Seuls les grands groupes financiers bénéficient de l’avantage des transactions éclair, et ce, au détriment des autres investisseurs.
« Tous les jours, nos ordinateurs nous indiquent des coups fumants à réaliser, et on se précipite dessus aussi vite que possible, mais le temps que ça se fasse, d’autres ont déjà empoché les gains à faire, et nous, on se retrouve le bec à l’eau », raconte un courtier d’une grande institution financière québécoise qui tient à conserver l’anonymat.
Pour prendre une image, c’est comme si un seul joueur d’une table de poker avait le droit exclusif de regarder certaines des cartes des autres. Plus d’un joueur trouverait cet avantage démesuré au point de fausser la partie toujours au profit du même.
Paul Krugman, Prix Nobel d’économie, s’est récemment indigné de la montée en puissance de ces méthodes de spéculation basées sur la technologie. « C’est une sorte de taxe pour les investisseurs qui n’ont pas accès à ces ordinateurs ultrarapides. La Bourse est censée allouer le capital aux utilisations les plus productives, comme aider les entreprises qui ont de bonnes idées. Mais il est difficile d’imaginer comment les courtiers qui donnent leurs ordres un trentième de seconde plus vite que les autres contribuent à l’amélioration de cette fonction sociale », a-t-il écrit dans une chronique publiée dans le New York Times.
UN PHÉNOMÈNE QUI PREND DE L’AMPLEUR AU CANADA
Ce phénomène n’est pas purement américain. Groupe TMX, qui exploite les Bourses de Toronto et de Montréal, vient de s’y lancer à corps perdu. À la mi-septembre, sa direction a annoncé qu’elle allait agrandir ses installations pour permettre à ses clients d’héberger leurs applications de négociation dans son centre de traitement de l’information.
« Cela procurera des avantages significatifs à ceux qui souhaitent réduire les temps de réponse et accroître leur efficacité, dans un contexte où la négociation de catégories d’actifs multiples occupe une part croissante de la scène financière », dit Tom Kloet, chef de la direction, du Groupe TMX.
Ces services dits de colocalisation fourniront l’accès « à très court délai » aux installations de négociation du Groupe TMX.
Les clients de la Bourse de Toronto, de la Bourse de croissance TSX et de la Bourse de Montréal pourront héberger, dès le début de 2010, leurs applications de négociation dans les installations où se trouvent les moteurs de négociation TSX Quantum et MX Sola ainsi que les produits d’information boursière de TMX Datalinx.
Déjà, certains clients de TMX ont manifesté leur intérêt. Les nouvelles installations sont conçues pour accueillir 200 espaces de colocalisation, « ce qui devrait répondre à la demande ».
« TMX effectue cet investissement pour demeurer concurrentiel à l’échelle mondiale. Nos offres doivent être capables de rivaliser avec celles des plus grandes Bourses », ajoute M. Kloet.
VERS UNE VOLATILITÉ ACCRUE DES MARCHÉS
Des voix commencent à s’élever contre l’importance croissante que prennent les ordinateurs sur les marchés boursiers.
Nombre d’entre elles s’appuient sur une étude signée par Sal Arnuk et Joseph Saluzzi, analystes chez Themis Trading, qui considèrent que les stratégies fondées sur les logiciels autonomes sont « toxiques » pour les marchés et « contribuent à accroître leur volatilité ».
« La plupart des analystes croient que la volatilité des marchés résulte de la récession, et a débuté en août 2007 avec l’envol du VIX, l’indice de volatilité, aussi appelé indice de la peur des investisseurs. Nous affirmons qu’elle découle en réalité de la subite prolifération des ordres exécutés par des logiciels autonomes ou semi-autonomes, survenue pendant l’été 2007″, écrivent-ils dans leur étude.
Les logiciels prédateurs passsent à l’attaque
MM. Arnuk et Saluzzi détaillent plusieurs stratégies reposant sur la rapidité d’exécution ainsi que leurs impacts globaux sur les marchés boursiers. Un exemple frappant : les logiciels dits prédateurs.
Prenons le cas d’un courtier classique qui programme son ordinateur pour acheter plusieurs actions d’un titre, mais à condition que le prix ne dépasse pas 20,10 $. Un tel comportement est routinier pour un courtier, mais sans le savoir, celui-ci est maintenant une proie facile pour un ordinateur doté d’un logiciel prédateur. Imaginons que ce logiciel détienne les actions désirées par le courtier classique, et qu’il les avait achetées un peu plus tôt à 20 $. La stratégie est la suivante : le prédateur adresse à sa proie des coups de sonde, en lui proposant un petit nombre d’actions à 20,01 $ pour commencer, et constate que l’autre achète à ce prix-là. Idem à 20,02 $, puis 20,03 $, jusqu’à 20,11 $, où la proie arrête subitement d’acheter. Le temps d’un clin d’oeil – avant même que le courtier classique se rende compte de quoi que ce soit – le logiciel prédateur a découvert que l’acheteur est prêt à débourser 20,10 $ pour toutes ses actions, et la transaction est conclue au prix fort en un éclair
Résultat global : « Le volume des échanges boursiers a explosé, ainsi que la volatilité. Les variations de prix des titres sont en moyenne de 4 % chaque jour, alors qu’elles étaient de 1 % l’an dernier. Et les écarts de prix entre le vendeur et l’acheteur ont globalement doublé sur le S&P500 depuis un an, selon Goldman Sachs », indiquent les deux analystes.
Ces stratégies reviennent à imposer une « taxe » aux investisseurs traditionnels. « Ces échanges toxiques saignent ces investisseurs, en les forçant à payer le prix fort à chaque transaction, et ce, à leur insu », soulignent les auteurs.
LES AUTORITÉS DE RÉGLEMENTATION MONTRENT LES DENTS
La Securities and Exchange Commission (SEC) a adopté à l’unanimité en septembre un amendement qui interdirait les transactions éclair (flash trading) sur toutes les places boursières américaines.
Le service de transaction éclair est accordé à un nombre restreint de courtiers – essentiellement les grandes banques d’affaires et les fonds spéculatifs – moyennant des frais très élevés, qui leur permet de jeter un coup d’oeil sur tous les ordres avant que ceux-ci ne soient dirigés vers les plateformes électroniques publiques.
« Les investisseurs qui ont accès seulement aux informations des plateformes électroniques publiques peuvent être lésés si des participants au marché sont en mesure de passer des ordres sans que ceux-ci ne soient dévoilés publiquement », déclare la SEC, le gendarme de la Bourse américaine, dans un communiqué.
Mary Shapiro, présidente du conseil de la commission, soutient que « le flash trading peut créer un marché boursier à deux vitesses, en donnant seulement à certains un accès aux informations sur les meilleurs prix disponibles pour des titres inscrits ».
Forte pression politique
Deux semaines avant cette déclaration, le NASDAQ et le BATS Exchange (le troisième opérateur aux États-Unis, avec une part de marché de 10 %) avaient mis fin aux transactions éclair, cédant sous la pression d’une controverse amorcée au début de l’été.
C’est que les détracteurs de cette pratique prétendent qu’elle fausse les fondements même des Bourses. L’influent sénateur démocrate Charles Schumer avait pris la tête de la fronde et sommé la SEC d’interdire cette pratique. M. Schumer a menacé de déposer une loi sur cette question si aucune mesure n’était prise par les autorités de réglementation. Il avait enfoncé le clou en s’offusquant des 21 milliards de dollars américains de profits ainsi engrangés en 2008 par les grandes banques « au détriment des petits porteurs ».
Le président américain Barack Obama est entré dans la danse. Il a déclaré en septembre qu’il allait désormais avoir à l’oeil les banques et les fonds spéculatifs. « J’entends épingler les courtiers qui prennent trop de risques. Il n’est pas question que les erreurs du passé se reproduisent », a-t-il lancé dans un discours prononcé à Wall Street.
Les partisans des transactions éclair se sont alors vite effacés, les derniers, comme le fonds spéculatif Direct Edge, expliquant du bout des lèvres que les échanges sont pourtant ainsi plus efficaces, dans un milieu du courtage très concurrentiel, et que cela favorise la liquidité des
marchés.
extrait:
http://www.lesaffaires.com/strategie-d-entreprise/communications/les -ordinateurs-prennent-le-controle-des-bourses/504621
Les courtiers sont assistés depuis des années par des logiciels qui passent les ordres à leur place en fonction de stratégies prédéfinies. Mais aujourd’hui, on va plus loin: des logiciels fonctionnent de manière autonome et passent des ordres sans supervision humaine.
Au New York Stock Exchange (NYSE), un ordre sur trois en moyenne est aujourd’hui passé par un logiciel autonome, que certains dans le milieu financier appellent des « robots ». Il y a même des semaines où la proportion atteint 50 %. C’était le cas pendant celle du 22 juin.
Ces logiciels sont capables d’obtenir des marges infimes sur des écarts que l’être humain ne détecte pas, et de passer un millier d’ordres en un clin d’oeil. « L’ordinateur détient un avantage indéniable sur l’homme. Il ne se fatigue pas et n’agit pas en fonction d’une émotion ou d’une rumeur. Et il réalise des calculs complexes sans jamais se tromper », dit Alain Elkaim, attaché d’enseignement de HEC Montréal et ex-courtier de Valeurs mobilières Desjardins.
Autre atout des ordinateurs : ils ne dérapent pas, comme peuvent le faire certains courtiers. Il suffit de penser aux pertes de 7 milliards de dollars enregistrées en 2007 par la banque française Société Générale, à la suite des positions aventureuses prises par l’un de ses courtiers, Jérôme Kerviel, à hauteur de quelque 70 milliards de dollars. Ou encore au récent témoignage de Seth Freedman, ce courtier britannique de la City de Londres qui a dévoilé dans son livre Binge Trading comment il s’éclatait en prenant des positions folles, « le nez plein de cocaïne ».
Goldman Sachs en tête
Les grandes banques américaines sont les premières – et de loin – à miser sur ces logiciels. Ils leur ont même permis de sortir la tête de l’eau depuis le début de 2009.
Goldman Sachs est celle qui, semaine après semaine, y a le plus recours. Elle a engrangé de cette manière un bénéfice net de 2 milliards de dollars américains durant le premier trimestre. Suivent Citigroup, avec 1,9 milliard, JPMorgan, 1,8 milliard, et Morgan Stanley, 900 millions. Des banques autres qu’américaines s’y sont également mises il y a peu à New York, à l’image de Barclays, Deutsche Bank, Credit Suisse, Société Générale et la Banque Royale du Canada.
Les autres principaux acteurs qui reviennent le plus souvent sont Schonfeld, Interactive Brokers, Electronic Brokerage Systems, Instinet et Intrade. Tous réunis, leurs robots sont à l’origine d’environ 10 % des quelque 750 millions d’ordres envoyés par des ordinateurs quotidiennement à la Bourse de New York.
Spéculation à la milliseconde près
À l’origine, l’intérêt du courtage par ordinateur consistait essentiellement à regrouper rapidement des ordres pour réduire les frais de gestion. À cela, s’ajoutait le fait que la transaction portant sur des lots de titres diversifiés permettait d’éliminer une partie du risque lié à un titre isolé.
Puis, l’évolution fulgurante des logiciels, surtout depuis 2007, a permis de mettre au point de nouvelles stratégies basées sur la rapidité d’exécution.
Un exemple : les transactions éclair (flash trading). Moyennant un abonnement auprès d’opérateurs boursiers, des courtiers ont accès à tous les ordres d’achat et de vente d’actions quelques millisecondes avant les autres investisseurs.
Ces informations sont traitées à la vitesse de la lumière par les ordinateurs ultrapuissants de ces courtiers privilégiés, qui passent aussitôt des ordres anticipant les mouvements d’un titre. Du coup, chaque transaction, ou presque, permet de dégager des bénéfices. Les minuscules bénéfices ainsi engrangés aboutissent, en fin de compte, à des gains importants.
Un avantage démesuré sur les autres
Le hic de cette technologie ? Seuls les grands groupes financiers bénéficient de l’avantage des transactions éclair, et ce, au détriment des autres investisseurs.
« Tous les jours, nos ordinateurs nous indiquent des coups fumants à réaliser, et on se précipite dessus aussi vite que possible, mais le temps que ça se fasse, d’autres ont déjà empoché les gains à faire, et nous, on se retrouve le bec à l’eau », raconte un courtier d’une grande institution financière québécoise qui tient à conserver l’anonymat.
Pour prendre une image, c’est comme si un seul joueur d’une table de poker avait le droit exclusif de regarder certaines des cartes des autres. Plus d’un joueur trouverait cet avantage démesuré au point de fausser la partie toujours au profit du même.
Paul Krugman, Prix Nobel d’économie, s’est récemment indigné de la montée en puissance de ces méthodes de spéculation basées sur la technologie. « C’est une sorte de taxe pour les investisseurs qui n’ont pas accès à ces ordinateurs ultrarapides. La Bourse est censée allouer le capital aux utilisations les plus productives, comme aider les entreprises qui ont de bonnes idées. Mais il est difficile d’imaginer comment les courtiers qui donnent leurs ordres un trentième de seconde plus vite que les autres contribuent à l’amélioration de cette fonction sociale », a-t-il écrit dans une chronique publiée dans le New York Times.
UN PHÉNOMÈNE QUI PREND DE L’AMPLEUR AU CANADA
Ce phénomène n’est pas purement américain. Groupe TMX, qui exploite les Bourses de Toronto et de Montréal, vient de s’y lancer à corps perdu. À la mi-septembre, sa direction a annoncé qu’elle allait agrandir ses installations pour permettre à ses clients d’héberger leurs applications de négociation dans son centre de traitement de l’information.
« Cela procurera des avantages significatifs à ceux qui souhaitent réduire les temps de réponse et accroître leur efficacité, dans un contexte où la négociation de catégories d’actifs multiples occupe une part croissante de la scène financière », dit Tom Kloet, chef de la direction, du Groupe TMX.
Ces services dits de colocalisation fourniront l’accès « à très court délai » aux installations de négociation du Groupe TMX.
Les clients de la Bourse de Toronto, de la Bourse de croissance TSX et de la Bourse de Montréal pourront héberger, dès le début de 2010, leurs applications de négociation dans les installations où se trouvent les moteurs de négociation TSX Quantum et MX Sola ainsi que les produits d’information boursière de TMX Datalinx.
Déjà, certains clients de TMX ont manifesté leur intérêt. Les nouvelles installations sont conçues pour accueillir 200 espaces de colocalisation, « ce qui devrait répondre à la demande ».
« TMX effectue cet investissement pour demeurer concurrentiel à l’échelle mondiale. Nos offres doivent être capables de rivaliser avec celles des plus grandes Bourses », ajoute M. Kloet.
VERS UNE VOLATILITÉ ACCRUE DES MARCHÉS
Des voix commencent à s’élever contre l’importance croissante que prennent les ordinateurs sur les marchés boursiers.
Nombre d’entre elles s’appuient sur une étude signée par Sal Arnuk et Joseph Saluzzi, analystes chez Themis Trading, qui considèrent que les stratégies fondées sur les logiciels autonomes sont « toxiques » pour les marchés et « contribuent à accroître leur volatilité ».
« La plupart des analystes croient que la volatilité des marchés résulte de la récession, et a débuté en août 2007 avec l’envol du VIX, l’indice de volatilité, aussi appelé indice de la peur des investisseurs. Nous affirmons qu’elle découle en réalité de la subite prolifération des ordres exécutés par des logiciels autonomes ou semi-autonomes, survenue pendant l’été 2007″, écrivent-ils dans leur étude.
Les logiciels prédateurs passsent à l’attaque
MM. Arnuk et Saluzzi détaillent plusieurs stratégies reposant sur la rapidité d’exécution ainsi que leurs impacts globaux sur les marchés boursiers. Un exemple frappant : les logiciels dits prédateurs.
Prenons le cas d’un courtier classique qui programme son ordinateur pour acheter plusieurs actions d’un titre, mais à condition que le prix ne dépasse pas 20,10 $. Un tel comportement est routinier pour un courtier, mais sans le savoir, celui-ci est maintenant une proie facile pour un ordinateur doté d’un logiciel prédateur. Imaginons que ce logiciel détienne les actions désirées par le courtier classique, et qu’il les avait achetées un peu plus tôt à 20 $. La stratégie est la suivante : le prédateur adresse à sa proie des coups de sonde, en lui proposant un petit nombre d’actions à 20,01 $ pour commencer, et constate que l’autre achète à ce prix-là. Idem à 20,02 $, puis 20,03 $, jusqu’à 20,11 $, où la proie arrête subitement d’acheter. Le temps d’un clin d’oeil – avant même que le courtier classique se rende compte de quoi que ce soit – le logiciel prédateur a découvert que l’acheteur est prêt à débourser 20,10 $ pour toutes ses actions, et la transaction est conclue au prix fort en un éclair
Résultat global : « Le volume des échanges boursiers a explosé, ainsi que la volatilité. Les variations de prix des titres sont en moyenne de 4 % chaque jour, alors qu’elles étaient de 1 % l’an dernier. Et les écarts de prix entre le vendeur et l’acheteur ont globalement doublé sur le S&P500 depuis un an, selon Goldman Sachs », indiquent les deux analystes.
Ces stratégies reviennent à imposer une « taxe » aux investisseurs traditionnels. « Ces échanges toxiques saignent ces investisseurs, en les forçant à payer le prix fort à chaque transaction, et ce, à leur insu », soulignent les auteurs.
LES AUTORITÉS DE RÉGLEMENTATION MONTRENT LES DENTS
La Securities and Exchange Commission (SEC) a adopté à l’unanimité en septembre un amendement qui interdirait les transactions éclair (flash trading) sur toutes les places boursières américaines.
Le service de transaction éclair est accordé à un nombre restreint de courtiers – essentiellement les grandes banques d’affaires et les fonds spéculatifs – moyennant des frais très élevés, qui leur permet de jeter un coup d’oeil sur tous les ordres avant que ceux-ci ne soient dirigés vers les plateformes électroniques publiques.
« Les investisseurs qui ont accès seulement aux informations des plateformes électroniques publiques peuvent être lésés si des participants au marché sont en mesure de passer des ordres sans que ceux-ci ne soient dévoilés publiquement », déclare la SEC, le gendarme de la Bourse américaine, dans un communiqué.
Mary Shapiro, présidente du conseil de la commission, soutient que « le flash trading peut créer un marché boursier à deux vitesses, en donnant seulement à certains un accès aux informations sur les meilleurs prix disponibles pour des titres inscrits ».
Forte pression politique
Deux semaines avant cette déclaration, le NASDAQ et le BATS Exchange (le troisième opérateur aux États-Unis, avec une part de marché de 10 %) avaient mis fin aux transactions éclair, cédant sous la pression d’une controverse amorcée au début de l’été.
C’est que les détracteurs de cette pratique prétendent qu’elle fausse les fondements même des Bourses. L’influent sénateur démocrate Charles Schumer avait pris la tête de la fronde et sommé la SEC d’interdire cette pratique. M. Schumer a menacé de déposer une loi sur cette question si aucune mesure n’était prise par les autorités de réglementation. Il avait enfoncé le clou en s’offusquant des 21 milliards de dollars américains de profits ainsi engrangés en 2008 par les grandes banques « au détriment des petits porteurs ».
Le président américain Barack Obama est entré dans la danse. Il a déclaré en septembre qu’il allait désormais avoir à l’oeil les banques et les fonds spéculatifs. « J’entends épingler les courtiers qui prennent trop de risques. Il n’est pas question que les erreurs du passé se reproduisent », a-t-il lancé dans un discours prononcé à Wall Street.
Les partisans des transactions éclair se sont alors vite effacés, les derniers, comme le fonds spéculatif Direct Edge, expliquant du bout des lèvres que les échanges sont pourtant ainsi plus efficaces, dans un milieu du courtage très concurrentiel, et que cela favorise la liquidité des
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