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BoubouPanda
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Banques : comprendre d’où viennent les profits Empty Banques : comprendre d’où viennent les profits

22/11/2009, 9:37 pm
Banques : comprendre d’où viennent les profits

Les bons résultats de l’industrie bancaire ont rouvert la question de la rémunération des traders. Cette question ne fait qu’en cacher une autre dont on parle trop peu et qu’il est urgent de traiter : Les traders touchent une partie des rentes bancaires. Par exemple, ce dernier trimestre, plus d’un jour sur deux, la banque Goldman Sachs a fait des profits de trading supérieurs à 100 millions de dollars, et elle n’a perdu de l’argent qu’un seul jour (sur les 65 jours ouvrés). D’où viennent ces rentes remarquables ? Pourquoi sont-elles si élevées en dehors des épisodes de crise financière ? Sans réponse claire à cette question, le travail de re-régulation du système bancaire ne peut pas commencer.
On peut distinguer trois sources de rentes dont les banques bénéficient :

1. Rentes d’oligopole : comme peu d’acteurs peuvent prêter aux entreprises ou aux particuliers, les banques peuvent charger des prix élevés pour leur prestation. Leur pouvoir de monopole s’étend à de multiples produits financiers qu’elles sont les seules à produire et à diffuser : si vous voulez acheter une assurance contre le défaut d’une entreprise (un CDS) ou si vous voulez vous introduire en bourse, ou même si vous voulez acheter une obligation, vous passerez par une des quelques banques qui fournissent ces prestations.

2. Rentes d’arbitrage institutionnel : de par leur statut particulier, les banques peuvent emprunter pas cher pour investir dans des activités risquées donc rémunératrices. Le taux auquel une entreprise « normale » emprunte dépend des risques qu’elle prend, ce qui élimine cet arbitrage. Ce n’est pas le cas des banques, qui bénéficient de la garantie des dépôts par l’Etat (et peuvent donc vous emprunter sans que vous vous souciiez des risques pris) et d’un accès au soutien de la banque centrale et du contribuable (pour les banques suffisamment grosses) lors des épisodes de crise.

3. Rentes informationnelles : Leur activité d’intermédiaire sur les marchés financiers (en particulier le prime-brokerage auprès des fonds), permet aux banques d’avoir une visibilité exceptionnelle sur ce qui se passe sur les marchés. Plus vite que quiconque, elles peuvent savoir si le prix d’un actif baisse parce que tel ou tel acteur en difficulté vend des positions massives (auquel cas le prix remontera plus tard), ou parce que de mauvaises nouvelles sur l’actif circulent dans le marché (auquel cas la baisse risque d’être définitive). Les banques n’ont pas le droit d’utiliser cette information au détriment de leurs clients (c’est l’interdiction du « front-running ») ; mais cela leur laisse une grande marge de manœuvre pour tirer parti de ce fantastique avantage informationnel en « tradant » pour leur propre compte (« prop trading »), comme un hedge fund. Le trading des banques, parce qu’il bénéficie d’informations privilégiées, s’apparente un peu dans sa nature économique au délit d’initié. Bien sûr, les banques ont des « chinese walls » internes censés parer à ce genre de critique. Mais on peut alors leur poser la question inverse : si elles n’ont pas d’avantage informationnel, pourquoi diable ont-elles vocation à avoir ces « hedge funds » internes ? Ces entités ne devraient-elles pas leur être totalement externes ?

Pour être légitime, une rente de situation doit être soit achetée, soit résulter d’une innovation technologique (par exemple un médicament nouveau). Ce n’est pas le cas pour les banques. Plusieurs pistes d’intervention ont été évoquées dans ces colonnes : taxer pour faire payer la « rente d’arbitrage institutionnel », stimuler la concurrence en ouvrant certaines activités comme le système de paiement à d’autres institutions, pousser les produits de gré-à-gré sur lesquels les banques engrangent des marges élevées sur des marchés. Cette dernière mesure devrait également diminuer les rentes informationnelles en rapprochant ce que les banques voient de ce que le reste du marché voit. Le risque est grand que le débat de régulation sur la fonction des banques et la source de leurs profits n’ait pas lieu. La banque Citi, qui a frôlé l’abysse, communique aujourd’hui sur sa volonté de relancer son activité hedge fund. Ceci suggère que Wall Street considère que le « risque » de changements de régulation substantiels est désormais passé.

AUGUSTIN LANDIER
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