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Springfellow-Hawk
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Loïc Abadie : A quel prix un pays peut-il répudier sa dette ? Empty Loïc Abadie : A quel prix un pays peut-il répudier sa dette ?

10/12/2010, 12:33 pm
La nouvelle poussée en cours de hausse des taux sur les pays les plus fragiles de l'Union Européenne (Grèce, Irlande et Portugal...pour l'instant) nous montre qu'à terme, il devient de plus en plus probable de voir plusieurs états européens incapables de faire face au remboursement de leur dette.

Quelles sont les conséquences pratiques du défaut d'un état sur l'économie d'un pays ?

La conséquence immédiate est bien entendu une forte dévaluation de la monnaie du pays touché, associée à une situation d'hyperinflation, et à une perte de confiance générale de la population conduisant à une chute de la consommation et à une récession profonde.

Mais si on va plus loin, on pourra distinguer trois grands cas de figure :

1) Le pays touché est un pays de type émergent, avec une économie axée sur l'industrie, capable d'exporter une quantité importante de produits manufacturés.

C'est le cas le plus favorable : Certes les ménages épargnants voient leurs économies lessivées (pour ceux qui n'ont pas anticipé la situation en investissant sur des biens tangibles, de préférence hors de leur pays). Mais le pays touché continue d'avoir des rentrées en devises fortes grâce à ses exportations, et peut acheter les matières premières qui lui sont nécessaires grâce à ces devises.

L'état dont la dette aura été restructurée et fortement allégée par la situation de défaut et la dévaluation peut repartir avec des finances assainies tout en prélevant des impôts sur les recettes liées aux exportations.

Dans ce cas, la crise peut se résorber assez vite, en quelques années, avec des conséquences relativement limitées pour la population.

L'Argentine peut être considérée comme un exemple de cette situation, après la violente récession de 2001-2002 (PIB chutant -15%) associée au défaut de l'état argentin, la reprise a eu lieu dès 2003, et le rebond du PIB a atteint 17% sur les années 2003-2004.



2) Le pays touché est peu dépendant de l'extérieur du point de vue des matières premières, mais repose sur une économie de services.

C'est par exemple le cas du bloc USA / Canada, qui dispose de ressources naturelles importantes en énergie, métaux et denrées agricoles.

Cette fois le défaut de l'état devient plus grave, parce qu'on ne peut plus vraiment compter sur les exportations (au moins dans un premier temps, le temps de reconstruire un tissu industriel suffisant) pour assurer des rentrées en devises fortes.

La récession est alors plus durable, mais le pays touché reste peut compter sur ses ressources naturelles pour restructurer son économie et augmenter sa production industrielle, pour produire les biens qu'il importait auparavant grâce à sa monnaie forte.

Le pouvoir d'achat des populations concernées chute toutefois fortement, celles-ci ne pouvant plus bénéficier de biens de consommation importés à bas prix (la monnaie locale devenant sans grande valeur).

3) Le pays touché a une économie de services, et dépend de l'extérieur pour ses approvisionnements en matières premières et biens de consommation.

C'est évidemment le plus mauvais cas, et c'est celui de la France et de la plupart des pays Européens.

Quand un état de ce type perd la confiance du marché parce qu'il a été trop loin dans sa fuite en avant dans la dette, et que sa monnaie perd sa valeur auprès de ses partenaires commerciaux, le pays touché se trouve en grande difficulté :

*

Il ne peut plus importer les matières premières dont il a besoin (sa monnaie n'étant plus crédible).
*

Il ne peut plus importer les nombreux biens de consommation qu'il ne produit plus sur son territoire.
*

Il ne peut pas compter sur un volume d'exportations de biens manufacturés suffisant pour assurer des rentrées vitales en devises fortes.

Serait-ce la « fin du monde » pour autant pour un groupe d'états européens qui serait dans cette situation ?

La réponse est « non », parce qu'il resterait un atout intéressant pour ces pays : la présence d'une main d'oeuvre bien formée, donc très productive, et d'infrastructures correctes datant d'avant-crise.

Cela intéresserait alors forcément les investisseurs étrangers, qui pourraient faire redémarrer l'économie par leurs investissements.

Mais le prix à payer serait très sévère : A moins de vouloir en revenir au Moyen-Age en nous passant des matières premières et produits manufacturés qui nous sont indispensables, nous n'aurions plus d'autre choix que de devenir pendant de longues années une zone de délocalisation à bas coût pour les investisseurs issus de pays ayant su garder une monnaie solide et un budget équilibré, qui seraient quasiment en mesure de nous dicter leurs conditions.

Inutile de dire que dans ce cas, notre niveau de vie et nos prestations sociales seraient dans le meilleur des cas aligné ssur celui de pays comme la Chine, le temps qu'un tissu industriel suffisant se reconstitue chez nous.

Les dirigeants européens sont forcément conscients de ce risque, et plus la Grèce, l'Irlande et le Portugal perdront la confiance des marchés et se rapprocheront du défaut, plus d'autres pays (à commencer par l'Allemagne) appuieront dans le sens de la rigueur.



Conséquences sur l'évolution inflationniste ou déflationniste de la situation économique

Aujourd'hui, presque tous les investisseurs semblent convaincus de la toute-puissance des autorités monétaires (le mythe de l'hélicoptère pouvant déverser des quantités illimitées de monnaie pour contrer la déflation et relancer indéfiniment la consommation et l'économie).

Mais la vérité est que leurs moyens sont plus que limités face à la gigantesque bulle de crédit en train d'imploser aujourd'hui. Les recettes annuelles de l'état US ne représentent par exemple qu'1/20ème de la masse de dette du pays (plus de 50 000 milliards de $).

Le PIB Grec est déjà en recul de 4,5% sur un an, avec un état dont le déficit prévisionnel sur 2010 est pourtant encore attendu à près de 10% par an (nous sommes ici à des années-lumière d'une vraie rigueur !).

La Grèce n'a en fait plus aucune solution aujourd'hui :

*

Impossible de relancer la consommation par le déficit, il est déjà à 10%, et toute hausse de ce déficit signifierait pour la Grèce exclusion de la zone euro, faillite de l'état, et crise économique fortement aggravée.
*

Intensifier la rigueur intensifierait encore la récession dans un premier temps, même si ce serait la meilleure solution, à moyen/long terme à condition d'être associée à une restructuration négociée de la dette publique, et à une vente de biens de l'état destinée à réduire cette dette.

Nous avons là le "brillant résultat" des politiques keynésiennes de relance par la dette, qui constituent la pensée unique du moment, et de ce qui pourrait bien nous attendre tous dans quelques années, vu que nous ne faisons que suivre exactement la même politique que la Grèce avec 2 ou 3 ans de décalage.

Le scénario d'un retour à une situation de dépression économique en deux temps est donc plus que jamais d'actualité :

- Déflation lorsque les pays prendront peur et tenteront (partiellement seulement sans doute) de revenir à la rigueur face aux premiers défauts importants d'états,

- Puis éventuellement défauts d'états et hyperinflation ensuite pour les pays dont le virage vers la rigueur aura été insuffisant ou trop tardif (il y en aura sans doute beaucoup dans ce cas !).

Le timing (stratégie déflationniste suivie si nécessaire d'une réorientation vers les actifs tangibles) restera pour l'épargnant la clé du problème dans ce contexte !
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