«La Grèce a obtenu de l’aide, mais les problèmes de fond restent»

27/3/2010, 5:39 pm

samedi27 mars 2010

Yves Genier

Le plan décidé par le sommet européen est accueilli avec une grande prudence par les marchés qui ne décèlent pas de solution à long terme pour les maillons faibles de la zone euro.

«Les problèmes de la Grèce sont réglés à court terme. Mais le risque d’éclatement d’une nouvelle crise par les pays les plus endettés de la zone euro demeure.» Stratège auprès de la Banque Privée Ed. de Rothschild à Genève, Michel Lagier résume le sentiment général des marchés financiers après l’annonce dans la nuit de jeudi à vendredi du plan d’aide européen à Athènes.

Les principaux indicateurs économiques et financiers ont témoigné du scepticisme général. L’euro est remonté face aux autres monnaies, mais dans une modeste proportion, à 1,4280 face au franc et 1,3395 face au dollar. Les rendements des obligations grecques se sont repliés, indiquant une baisse de la perception du risque de défaut par les investisseurs obligataires, mais dans une faible amplitude, 7 points de base, à 6,196%. Les primes des credit-default swaps (CDS), l’indicateur le plus précis du sentiment des investisseurs, se sont repliées à 306 points. Elles restent néanmoins les plus élevées d’Europe pour des emprunts souverains après celles de l’Islande. Si les indices d’actions se sont affichés à la hausse, c’est principalement en raison du dynamisme de Wall Street.
Publicité

«Ce plan, très peu chiffré, se présente davantage comme un coup de main de l’Europe pour permettre aux Grecs de continuer d’emprunter sans devoir payer des rendements trop élevés», estime Ross Evans, directeur des investissements à la banque Franck Galland à Lausanne.

Prochains tests

Le stratège britannique Edward Harrison, de Global Macro Advisors, écrit sur le site internet spécialisé Seeking Alpha que «la plupart des dirigeants européens ont insisté dès le départ sur le besoin d’une aide psychologique et politique. Il s’agit pour eux d’éviter l’émergence d’une panique qui pourrait se transformer en contagion à d’autres pays de la zone euro». En premier lieu: le Portugal, l’Italie, l’Espagne et l’Irlande, eux aussi très fortement endettés.

Le Portugal se trouve particulièrement dans la ligne de mire en raison de l’abaissement de sa note, mercredi, par Moody’s. La tension est légèrement retombée vendredi après-midi après que Standard & Poor’s a confirmé sa propre note sur le Portugal en raison des mesures d’austérité prises par Lisbonne.

Le prochain test, pour la Grèce et la zone euro, sera le renouvellement ces prochaines semaines d’emprunts de l’Etat grec pour 10 milliards d’euros environs. De la crédibilité du plan européen dépendra en partie leur accès aux marchés des capitaux à des prix raisonnables.