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La Grèce, un pays sur la sellette Empty La Grèce, un pays sur la sellette

4/2/2010, 4:58 pm





Lorsque l’on entend parler de la Grèce aux informations, ce n’est plus pour vanter les richesses du Péloponnèse, se refaire un cours rapide de mythologie, ou laisser vaquer une certaine rêverie à l’image des toits chaulés blancs et de la Mer Egée d’un bleu indépassable.

Plus pragmatique, mais aussi avec son aspect multifactoriel, c’est de l’endettement de l’état grec dont on parle le plus. Où se situe le danger ? La Grèce est-elle au bord du gouffre ? Y a-t-il des intérêts pour certains à dramatiser la situation ? Ce pays est-il devenu le symptôme d’une maladie plus générale ?

Pour répondre à toutes ces questions, il faut tout d’abord bien avoir en tête le déclencheur de l’alerte faite sur l’état d’endettement de la Grèce. Selon le Pacte de Stabilité du 17 juin 1997, un déficit équivalent à 3% du PIB sur base annuelle est autorisé sans que l’Europe ne doive tirer de sonnette d’alarme. Cette marge, qui paraît fort stricte à première vue est aussi contraignante pour éviter qu’une ou plusieurs des économies de la zone euro ne viennent fragiliser les meilleurs élèves du groupe.

Faut-il le rappeler, à l’exception notoire du Grand Duché de Luxembourg, ce seuil des 3% n’est respecté par aucun des pays de la zone euro pour l’année 2009. Si la Grèce se retrouve dans des difficultés pires que celles vécues par ses partenaires, trouver ensemble des solutions pour le cancre de la classe permet aussi à la collégialité de passer sous silence leur propre mauvais résultat. Si l’on peut alléguer, fort judicieusement, que l’action est louable, elle a aussi pour effet de faire une « tache d’huile » en matière de communication et de faire percevoir la situation grecque bien plus dramatique qu’elle n’est en réalité : le déficit de la Grèce, quoique très important, est risible par rapport au déficit d’autres économies de pays développés et démocratiques !

A l’extérieur de l’Europe, on assiste à une récupération de l’événement, notamment aux Etats-Unis. En effet, le dollar n’a été que de s’affaiblir par rapport à l’euro sur les neuf dernières années, rendant plus attractive aux capitaux américains la spéculation boursière sur les places européennes. Outre-Atlantique, ce qui se déroule sous nos yeux en Grèce est du pain bénit pour défendre l’idée selon laquelle l’euro est en pleine crise de confiance, avec une zone monétaire qui risque d’imploser à tout moment. Qu’en est-il de cette menace, présentée de façon catastrophique ?

Le Pacte de Stabilité entérine toute une série de critères, nommé « les critères de Maastricht », qui ont pour but d’éviter qu’au sein de l’unité monétaire, un pays ne soit négligent au point de ralentir le développement commun et fasse peser sur la monnaie, ici l’euro, davantage les inconvénients propres à une alliance plutôt que le renforcement attendu vis-à-vis de l’extérieur. Cela passe par toute une série de critères, dont le taux d’endettement, car un pays pourrait profiter d’un taux d’intérêt plus favorable que ce que sa situation propre lui permettrait d’obtenir. Outre la fragilisation du système global, on assisterait en plus à une injustice flagrante par rapport aux autres pays de la zone qui méritent de profiter au mieux de leur croissance.

Nous vivons actuellement une période - très propice pour remettre en cause quelques lieux communs - qui, espérons-le de tout cœur, donnera lieu à des solutions humaines et adaptées au cas spécifique de la Grèce. En l’état, des sanctions financières sont prévues à l’encontre des pays qui sont en dehors des normes, ce qui, pour peu que les pays concernés soient en difficulté, témoigne d’un mode de réaction contre productif : si on parle d’Union, il devrait y avoir dans ce cas précis d’autres issues que des sanctions de nature à renforcer le phénomène !

Le cas de la Grèce permet aussi cette nouvelle interrogation. Il y a environ un an, un an et demi, l’Allemagne et la France étaient également au-dessus de ce seuil fatidique de 3% et le moteur économique européen a fait pression pour ne pas devoir encourir les sanctions prévues. En fait, en acceptant, après négociations, de ne pas faire subir une charge supplémentaire aux deux puissances, on a fermé les yeux sans affronter la limite du problème… Car il s’agit bien d’une limite dans la mesure où à présent, vingt-six pays sur vingt-sept se situent hors limite. Tout le monde ne peut pas sanctionner tout le monde…

C’est pourquoi la crise grecque encourage l’Union à rechercher comment une gouvernance économique européenne peut être établie. Cette idée est notamment défendue par le Président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker. On assiste donc à un effet boule-de-neige dans la dynamique de régulation car, aux yeux des plus libéraux, comment espérer que cette direction ne puisse aboutir de près ou de loin à une planification de plus en plus forte de l’économie ? Bien évidemment l’inspiration d’un tel projet peut ne pas vouloir déboucher sur une politique économique au rabais, mais malheureusement, le contexte dans lequel se cristallise ce projet est de sauver le vilain petit canard, et, dans ce cas, il ne faut pas s’attendre à voir cette opportunité prendre résolument la direction d’un « libéralisme soutenable », c’est-à-dire, un libéralisme durable dans un monde en perpétuelle lutte économique. Au contraire, cet élan va se traduire plus certainement par une accentuation du modèle de l’Europe sociale, fort peu adapté au monde économique, mais qui trouvera dans cette voie le moyen de s’autovalider dans un mode de fonctionnement fortement contrôlé.

De toutes les questions posées ci-dessus, il ressort surtout que c’est la dernière qui promet les plus gros problèmes à long terme : elle est le terreau d’un système qui va mettre en grandes difficultés les gouvernements des pays constitutifs de la zone euro, voire même à terme leur démocratie ! En effet, cette configuration est propice à dépouiller les représentants nationaux de leviers de commandes pour la réalisation de leur programme et de leurs responsabilité vis-à-vis des électeurs. A l’heure actuelle, combien de Présidents, de Premiers Ministres se disent impuissants sur certains pans de leurs programmes à cause de la BCE ? Il ne faudra pas s’attendre à ce que la mise en place d’une gouvernance économique européenne inverse cette faillite…

source : Les Editions Romaines
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